* regardent le film *
* très bon film d'ailleurs *
Critique du film : POUR : 8/10
«
Ce n’est pas mon nom qu’il criaient en me voyant : c’était celui de Rocky ! Ils ne font plus la différence entre le personnage et l’acteur. C’est extraordinaire ! »
Cet aveu de Sylvester Stallone résume parfaitement SON
Rocky Balboa. Après plus de vingt ans d’absence derrière les
caméras (
Rocky IV en 1985), Sly revient à ses premiers amours, à son personnage le plus charismatique pour lui offrir une sortie digne de sa légende et nous submerger d’émotion avec une mise à nu particulièrement bouleversante. En 1976, le premier
Rocky sortait et c’était déjà quelque part l’histoire de Stallone, cet acteur venu de nulle part qui avait saisi sa chance en refusant de vendre son scénario s’il ne jouait pas le rôle principal du
film alors promis à des stars de l’époque (James Caan, Ryan O’Neal,..). En 2006, les sixièmes aventures du boxeur de Philadelphie sont une sorte de remake à peine déguisé du premier opus.
Les choses ont changé dans la vie et la carrière de Stallone. Depuis presque vingt ans, l’acteur n’est plus que l’ombre du champion du box-office qu’il fut durant les années 80. Si on excepte la brillante reconversion avortée en acteur de composition dans
Copland, il est même difficile de trouver un simple bon film avec Stallone. Cet état des lieux d’une carrière cinématographique au point mort, Stallone s’en sert pour les exorciser grâce au personnage par qui tout a commencé. Stallone-Rocky : même combat ! Un combat pour oublier le passé, pour aller de l’avant, pour se sublimer une ultime fois afin de reprendre goût à la vie, tout simplement ! Mélancolique,
Rocky Balboa laissera assurément sur le carreau ceux qui attendaient un film de boxe (comme l’étaient notamment le
3 et
4). Ici, c’est l’homme avant le boxeur qui impose sa présence si charismatique, si familière.
Moralisateur avec ce brin de maladresse qui le rend infiniment touchant (tant pis si les plus cyniques d’entre nous ricaneront), Stallone compose un Rocky profondément humain, un homme déchu qui a perdu sa femme, morte du cancer, un père qui ne sait plus communiquer avec son fils, un ancien champion condamné à ressasser les mêmes vieilles histoires de gloire tout en prenant la pose pour de vulgaires photos souvenirs prises à la va vite. Alors qu’il ne pourrait être que pathétique, le personnage de Rocky possède toujours cette candeur, cette sincérité, cette bonté d’âme qui le rend terriblement attachant. Et Stallone de jouer sur cette corde émotionnelle vibrante comme jamais auparavant. C’est bien dans ces moments là où Rocky parle, nous parle que l’on devine que le film sert bien de cri du cœur d’un artiste qui fait amende honorable en acceptant de laisser enfin le passé derrière lui.
Constamment métaphorique,
Rocky Balboa joue essentiellement sur la fibre émotionnelle mais n’oublie pas pour autant d’offrir ce que les fans de la première heure attendent impatiemment. Entre un combat final au dénouement gonflé, un entraînement rondement mené (peut être trop vite d’ailleurs tant on n’aurait pas craché sur quelques minutes supplémentaires avec Rocky souffrant le martyre comme au bon vieux temps) et surtout une montée des marches sous les airs du célèbre air composé par Bill Conti, les moments pour jubiler de manière primaire sont bien présents. Mais le propos n’est vraiment pas là.
Film de la maturité où Stallone affronte ouvertement la perte de ses illusions tout en apportant définitivement à la représentation du héros son sens le plus noble (voir les derniers instants de Rocky dans l’arène),
Rocky Balboa constitue une saisissante et troublante confession intime. Quoique pas si intime que ça lorsque le générique de fin défile et de s’apercevoir qu’il y a quelque part un peu de Rocky dans chacun de nous…
Laurent Pécha.CONTRE : 2/10C'est fou ce que le temps peut parfois paraître long dans une salle de
cinéma. Depuis combien de temps Stallone déblitère-t-il des leçons de morale ? 2 heures ? 5 heures ? 3 jours ? Il suffit de regarder sa montre mais, stoïque, je résiste par principe. Pourtant je craque quand Sly sort la phrase culte du film (tenez-vous bien) : « Un boxeur est fait pour boxer. » Il a donc fallu exactement 1 heure de clichés pour en arriver là, sans avoir encore vu l'ancien champion sur le ring. Quelque chose m'échappe... Un
Rocky au cinoche, c'est fait pour voir de la boxe, non ? Alors pourquoi il n'y en a toujours pas ?
Heureusement, les choses se précipitent. 10 minutes plus tard, l'entraînement militaire de Rocky commence, en musique bien sûr. Les haltères sont toujours aussi lourdes, et Rocky perd du gras en courant avec un vieux bâtard endormi recueilli dans un chenil. Comme il neige dehors, Punchy (le nom du chienchien à son pépère) porte un tee-shirt taille basse. Il ne manque plus que Paris Hilton pour atteindre des sommets de mauvais goût.
Le miracle se produit au bout d'1h20 de film. Enfin, Rocky monte sur le ring. Et c'est parti pour l'unique quart d'heure de boxe. Balboa est crédible, son adversaire, moins. On se rappellera de lui comme étant le moins charismatique des « méchants » des six épisodes. L'ennui était tel jusqu'à présent que le match passe quand même comme une lettre à la poste malgré son inévitable air de déjà vu. Rocky se prend des coups, Rocky en donne, Rocky met un genou à terre, Rocky se relève, les trompettes repartent de plus belle, etc... 1h40 de film : le générique de fin commence après une dernière leçon de vie qui me tue. Vivement
Rambo IV qu'on rigole un peu...